Normandie-Niémen est un régiment d'aviation de pilotes français qui ont combattu sur le territoire de l'URSS pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils ont non seulement contribué à la guerre, mais sont surtout devenus un symbole du courage français, et de l'amitié franco-russe.
À l'été 1940, alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage depuis près d'un an, Charles de Gaulle appelle les Français à se battre pour la grandeur et la liberté de la France. Le pays sous occupation voulait s'impliquer concrètement dans les hostilités afin de contribuer à l'éradication du régime fasciste. Les Français résistants, menés par Charles de Gaulles se sont tournés vers la Grande-Bretagne leur proposant de s'engager militairement à leurs côtés. Mais les Britanniques ont posé leurs conditions : les Français devaient porter leurs uniformes et servir leur drapeau. Il fut alors inacceptable pour les Français d'agir de la sorte.
Près d'un an et demi plus tard, un accord soviéto-français est signé ayant pour but de former un escadron d'aviation français sur le territoire de l'URSS, au sein des forces aériennes de l'armée soviétique.
En France, un appel à volontaire fut lancé avec pour condition d'avoir effectué au moins 150 heures de vol. Seules quelques recrues furent suffisamment expérimentées. En réalité, la plupart des combattants ont obtenu leur place avoir menti sur leur passif d'aviateur. Le régiment de Normandie est alors apparu. L'origine du nom de ce régiment fut donné par le pilote Marcel Lefebvre en l'honneur de sa « petite patrie » : la Normandie. Le 25 novembre 1942, le régiment Normandie voit alors officiellement le jour.

Pour rester inaperçus de leurs opposants, les 14 pilotes et 58 mécaniciens partis de France, ont volé au-dessus de nombreux pays dont l'Iran, l'Azerbaïdjan et le Kazakhstan, pour atterrir à Ivanovo, situé en territoire soviétique. Dès leur arrivée, le 28 novembre 1942, ils ont commencé à s'entraîner. Ils ont dû s'habituer aux nouvelles technologies de l'époque : l'avion Yak-1 (ЯК-1), ainsi qu'apprendre à naviguer sur des routes aériennes inconnues et à s'adapter aux conditions météorologiques. Malgré le fait que le capitaine d'instructeur soviétique, Pavel Druzenkov, parlait un excellent français, le processus d'apprentissage ne fut pas chose aisée. Cependant, après un peu plus de trois mois, l'escadron Normandie était opérationnel pour le combat aérien.
Une fois en capacité de combattre, ils ont été transférés sur le front occidental. Ils s'y sont rendus seuls, par leur propres moyens. Ces nouveaux pilotes portaient alors un uniforme soviétique assez inhabituel, puisqu'il s'agissait d'une faction franco-russe. Il ont suscité un véritable intérêt pour tous ceux qu'ils ont rencontrés. Dans ses mémoires, Roland de la Poype a écrit de nombreuses années plus tard : « lorsque nous avons volé d'Ivanovo vers l'aérodrome de l'usine de Polotnyany, nous avons effectué un atterrissage intermédiaire près de Moscou. Sur cette base, où il y avait plusieurs centaines de pilotes soviétiques, j'ai fait sensation dans mon uniforme, moitié russe, moitié français. Quand j'ai observé les regards de mes collègues de l'Armée rouge, il m'a semblé qu'ils me regardaient comme une créature d'une autre planète. »

Lorsque les mécaniciens français ont été contraints de partir pour le Moyen-Orient, leurs homologues soviétiques les ont remplacés. La communication entre les pilotes français et les nouveaux mécaniciens parlant le russe est devenue plus compliquée. Le fait était qu'il n'y eut pas assez de traducteurs. Cela a rendu plus difficile les échanges notamment dans les airs, lorsque pilotes et techniciens furent seuls en vol. Mais leurs volontés, unient par une cause commune leur a progressivement permis de faire face à ce problème. La situation s'améliora rapidement.
Dès avril 1943, l'escadron a commencé à remporter ses premières victoires. Avant la fin de la guerre, il reçu en novembre 1944, son nom définitif « Normandie-Niéman », en l'honneur d'une opération importante dans le Niéman. Le 15 juin 1945, le régiment a pris son dernier envol, pour Paris, à bord de leurs avions de combat, des Yak-3, offerts par l'État soviétique. Un de ces avions est aujourd'hui exposé au Musée de l'Aviation et de la Cosmonautique du Bourget.

Au total, au cours de ses combats, Normandie-Niémen a remporté 309 victoires dont 273 confirmées. Sur les 96 pilotes français, 45 ont été tués au combat ou ont été portés disparus, et 4 - Roland de la Poype, Albert Marcel, Jacques André et Marcel Lefevre furent décorés du titre de héros de l'Union soviétique.

Le commandant d'escadron Marcel Lefevre a dit un jour à propos des soldats soviétiques: « Nous voyons: vous vous battez courageusement contre l'ennemi sans perdre la raison, même dans les situations les plus difficiles. C'est pourquoi nous apprenons de vous. Nous nous battons avec vous en toute confiance. Je sais que vous ne nous abandonnerez jamais. Nous sommes devenus amis avec vous, sur terre et dans les airs. Nous jurons que nous irons ensemble jusqu'à la fin victorieuse, jusqu'à la libération complète de la Russie et de la France, du fascisme allemand. »

Cette citation marque l'expérience précieuse de la coopération entre la France et la Russie. Dans les moments difficiles, il est très important de tisser des liens solides. Se battre seul est impossible, il est nécessaire d'avoir des alliés fidèles en qui vous pouvez avoir confiance. Bien que vous soyez des citoyens de différents pays, vous poursuivez un objectif commun.